La 18éme édition du Festival AGOOJIEont eu lieu du 25 au 27 mai 2023 à Abomey et au Centre culturel rencontre international John Smith CCRI de Ouidah. Des activités commémoratives, en mémoire des femmes vaillantes combattantes constituant le fer de lance de l’armée royale du DANXOME. Le Festival initié par Sénamè Nelly Dénakpo, Directrice exécutive JPG, a été une occasion d’échanges scientifiques et culturels en faveur de la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Marie-Louise Félicité BIDIAS
Les nominés du 18ème Festival AGOOJIE
Trophées Agoojié, Vétérans du Patrimoine, Nuit des Agoojié et le Symposium international (acte6), sont le contenu du 18ème Festival AGOOJIE, qui a connu une participation massive et des invités de marques venus de l’extérieur. Le 25 mai 2023, le festival Agoojié à Abomey a réuni plus de 100 jeunes (étudiants et professionnels) ainsi que d’autres invités. Il a été modéré par Philippe Adéniyi chargé de la communication de l’IHAD et Aline Djenontin, Directrice Exécutive de la JPG. La manifestation a débuté par les acclamations de la reine Tâsin Xâgbe exécuté par les jeunes et enfants de la cours, suivi de l’allocution du Dah Xàgbéssi, de trois communications de la reine ainsi que de l’animation culturelle.
Le 18ème Festival AGOOJIE a connu la présence des autoritésEnsuite le volet touristique, à travers la visite de AIZAN, de Xâgbe de l’arbre Hounti, la cour des Amazones dont les sous cour intégré du musée d’Abomey, le Site Agbodo fossé de fortification gardé par les femmes guerrières, la place Goho et enfin le village d’abris souterrain Agongointo de Bohicon situé à 25km des palais. Ces visites ont été faites par l’Agence de Tourisme Bembio Tourisme spécialisée dans l’écotourisme et la valorisation du patrimoine.
Remise de trophée au cours du 18ème festival AGOOJIELe 26
Mai 2023, la Nuit des esprits Agoojié a été animée par quatre (4) groupes et
présentations artistiques. Au nombre desquels : le groupe Capoeira du
Bénin qui a présenté des numéros d’exhibition et Monique Bleard de la Guyane
qui a révélé l’histoire à travers la danse et la déclamation d’un poème.
Le Symposium
international intitulé « L’enjeu du Matrimoine dans le royaume du Danxomè », s’est
déroulé le 27 mai 2023 au CCRI John Smith de Ouidah, sous la supervision d’Abdoulaye
Imorou, modérateur assisté de Philippe Adeniyi et d’Aline Djenontin.
Cette rencontre a connu la présence des experts nationaux et internationaux autour des échanges scientifiques et culturels en faveur de la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes. Ainsi, le Matriarcat définit le régime juridique ou social où la mère est le chef de la famille. Dans l’ancien Royaume de Danxomè, la femme était la tête de proue de l’organisation politique et sociale. Les AGOOJIE, cette armée de guerrières qui casse tous les clichés sur la femme soumise, aussi fortes et vaillantes que les hommes. Ces guerrières ne reculaient devant rien, même la mort ne les a pas impressionnées. Le mot « Amazone » n’exprime ni la force spirituelle, ni l’image qu’elles incarnent dans les armées du Danxomè. Pour mieux comprendre les « AGOOJIE », il faut s’imprégner de leur mission autour du roi. Elles sont les boucliers, les cuirasses, les armures et les derniers remparts du roi.
Abdoulaye
Imorou, modérateur et gestionnaire du Musée d’Abomey a estimé qu’il était temps
que l’histoire autour des femmes guerrières du Danxomè puisse être promue
autour de la thématique : « Le
Matrimoine dans le Danxomè, le système du matriarcat en milieu Otamari et
l’importance de la femme comme pilier de la maison dans la société
traditionnelle Baatonnu ».
A sa suite, le professeur Abdoulaye Benon Monra, maître de conférence en Sociologie-Anthropologie de Développement, a fait une analyse pertinente et comparative de l’importance de la femme chez le Baatombu et chez les Otammari. Il a mis en relief le rôle de femme dans la société baatonu. « Les libertés sont circonscrites et les femmes tiennent à leurs honneurs. La femme occupe une place non moins négligeable dans l’endogénéité », a-t-il déclaré. Il a aussi abordé la situation des femmes qui ne sont pas en marge des dynamiques sociétales tant chez les otammari que chez les baatommbu. Les espaces d’expressions de leur autonomie varient d’un milieu à un autre mais le point commun de leur action et attitudes se trouvent dans leur participation au développement des communautés.
A son
tour, Monique Blerald, professeure des universités en Cultures et langues
régionales, spécialité littératures orales et écrites francophones et
créolophones des Antilles et de la Guyane, à l’université de Guyane a précisé
la place centrale occupée par les femmes. L’organisation familiale créole aux
Antilles comme en Guyane, se caractérise encore aujourd’hui, par sa
monoparentalité mais aussi par sa matrifocalité, un système centré sur la mère
et la famille maternelle. Les femmes gèrent seules une vie familiale et
professionnelle au prix d’énormes sacrifices. Les hommes, sont sur les sphères
politique et économique. Cette pratique engendre une société où la plupart des
espaces publics sont investis par des hommes et les espaces domestiques par les
femmes.
Le
2éme Panel était composé de Marie-José Lallart, d’Isabelle Hurdubae, de DAAGBO
HOUNOUN II et d’Eugénie Nambi. Si le rôle des femmes dans la transmission a
évolué en France depuis la Révolution française, il n’a pas évolué de la même
façon dans tous les pays de l’Europe et se traduit par des disparités. Il
convient de noter également que les cultures et les mentalités peuvent être
très différentes selon les pays et les inégalités demeurent.
Selon
Marie-José Lallart, en France, la transmission affective, culturelle et
éducationnelle se fait essentiellement grâce aux parents et chacun à un rôle
particulier. La mère a un rapport avec le corps du bébé d’abord, elle veille à
son évolution et à sa sécurité accompagnée de paroles, de soins affectifs,
ainsi qu’au regard intentionnel qu’elle porte sur l’enfant à sa naissance et
même sur le fœtus. Le père lui, donnera son nom et donc son identité de
citoyen.
Sa
majesté Daagbo Hounon, par contre, a
magnifié la femme. Elle constitue le sel de la vie sans laquelle aucune société
ne peut exister. Elles sont courageuses et constituent le pilier fondamental de
tout développement.
Eugénie
Tiéta Nambi, a présenté le rôle et la place
de la femme dans la société Tammari, occupant le Koutammakou au Nord-Ouest du
Bénin. Cette société est structurée en classes d’âge et la femme est au centre
de son fonctionnement. Tout en étant rattachée à son clan d’origine, elle joue
un rôle très important en tant que femme au foyer et dans la société. Elle
participe activement à la construction du Takienta (tata) et est la seule à
l’entretenir en utilisant des techniques originales.
A l’issue
du symposium, les participants ont émis quelques recommandations, à l’endroit
de : l’Unesco, la cour royale d’Abomey, la ville d’Abomey et du Gouvernement,
dans le cadre de la mise en place du futur musée sur les Amazones du Danxomè. Instaurer
des réflexions dans les prochaines éditions autour des thèmes comme :
l’importance du lévirat et le rôle de la dot dans la société. Soutenir le
festival Agoojié. Et instaurer un prix Agoojié Remise des trophées pour les
trophées Agoojiés, les Vétérans des arts et du Patrimoine Culturel.
La cérémonie de la remise des trophées aux nominés de l’année 2023 a ainsi mis un terme au festival.
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