Banque mondiale : Le rapport sur Les Perspectives économiques du Bénin 2023, rendu public

Le rapport sur « Les perspectives économique du Bénin » de juin 2023 de la Banque mondiale, a été présenté aux journalistes, lundi 23 juin 2023 au Golden Tulipe le Diplomate de Cotonou. La primeur dudit rapport  intitulé « Tirer profit de la position stratégique du Bénin en misant sur les corridors économiques »,  a été dévoilée par Alexandre Henry, auteur principal  et Economiste à la Banque Mondiale.

 

Marie-Louise Félicité BIDIAS

 

Alexandre Henry, Economiste à la Banque mondiale, Auteur principal du Rapport

« Informer le gouvernement du Bénin, les groupes de réflexion, les chercheurs et le public sur l’état de l’économie béninoise et ses perspectives, ainsi que les défis immédiat du développement ». Tel est l’objectif du rapport sur « Les perspectives économiques du Bénin » de juin 2023 de la Banque mondiale (BM), intitulé : « Tirer profit de la position stratégique du Bénin en misant sur les corridors économiques », dont Alexandre Henry, économiste à de la BM en est l’auteur principal.

Deux chapitres composent ledit rapport. Le premier offre une mise à jour sur les développements économiques récents, les perspectives à moyen terme et les risques. Le deuxième se concentre plutôt sur la thématique des corridors économiques. « La position géographique du Bénin est stratégique pour le commerce régional et le développement  d’infrastructures et de service adaptés. Elle représente à la fois une opportunité économique mais également un outil pour intégrer les populations rurales pour un meilleur partage des fruits de la croissance », souligne le dit document.

Alexandre Henry, économiste de la Banque mondiale, a précisé que le rapport fait ressortir cinq (5) messages clés. La croissance est restée robuste, au prix d’une politique budgétaire expansionniste. Les solutions multimodales pour connecter le port maritime et le transport terrestre existent. La position stratégique du Bénin est un atout économique considérable. Une meilleure exécution des investissements des infrastructures et le besoin en investissement des infrastructures.

 Politique budgétaire expansionniste

 Le rapport souligne que malgré le contexte de turbulences globales en 2022, la croissance est restée robuste au Bénin. A l’instar des plans de ripostes adoptés suite à la pandémie du COVID-19, le gouvernement a réagi promptement pour faire face aux conséquences économiques suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Après un fort rebondi en 2021, la croissance réelle s’est établie à 6,3% (3,8% par habitant) en 2022 malgré les tensions géographiques mondiales et l’instabilité régionale.

Selon lui, par rapport à la tendance régionale, l’inflation est dans un premier temps restée modérée en 2022, mais a accéléré depuis 2023 et atteint 6,9%  fin mars. A fin 2022, l’inflation atteignait 2,9% en glissement annuel, soit un niveau nettement inférieur à la moyenne de l’UEMOA qui était de 7,8%. La position extérieure s’est sensiblement  détériorée pour la deuxième année consécutive, dans un contexte d’augmentation de prix de produits d’importation, notamment pétroliers.

« Le déficit public est resté élevé pour la troisième année consécutive, à 5,5% en 2022 contre 5,7% en 2021 dans un contexte de soutien de l’économie en période de crise. Les bonnes performances en termes de gestion de la dette au Bénin ont permis jusqu’alors de se prémunir face aux risques croissants auxquels la région fait face », détaille le document.

Pour Alexandre Henry, économiste de la Banque mondiale, même si les taux de couverture d’émissions du Bénin sont restés résilientes, les taux d’intérêt se sont accrus, à l’image de l’ensemble des pays de la zone monétaire.

 Facteurs de risques croissants

 La croissance réelle devrait osciller autour de 6% à moyen terme, soit 3,1% par habitant, aligné sur un potentiel de long terme. Le potentiel de croissance à moyen terme étant lié à la capacité pour le Bénin à se définir comme une plateforme logistique régionale, via l’achèvement de corridors économiques. « Un certain nombre de risques exogènes pourraient conduire, à court terme, à d’importants déséquilibres au niveau des déficits publics et/ou externe », affirme  encore le rapport sur « Les perspectives économiques du Bénin » de juin 2023 de la Banque mondiale.

 Position stratégique et opportunités économiques

 Le Bénin est un corridor privilégié pour les pays frontaliers enclavés de la sous-région. La majorité du commerce est transporté via le réseau routier, infrastructure complémentaires indispensable pour les marchandises transitant par voie maritime. Par ailleurs, la proximité du Nigéria est un atout essentiel pour le Bénin, qui bénéficie de la demande  du marché nigérian en palliant particulièrement aux lacunes des infrastructures portuaires de Lagos.

C’est ce qui justifie la mise en place de corridors économiques, selon le document. Ceci : « afin de donner au Bénin une place de plateforme régionale incontournable, le développement de solutions multimodales visant à connecter le port maritime et le transit terrestre est primordial ».  C’est donc pour cela qu’une meilleure connectivité des transports est à même de stimuler la croissance et de favoriser la prospérité partagée.

 Le Port de Cotonou et infrastructures routières

 Le Port autonome de Cotonou a longtemps été considéré comme un pilier de l’économie béninoise mais ses performances peuvent être significativement améliorées. Le document souligne que le contrat de gestion avec le port d’Anvers a permis d’initier des améliorations mais des défis importants demeurent. Parmi les défis du PAC : la congestion portuaire et les délais d’attente associés pour aligner sa capacité avec son ambition de plateforme régionale d’envergure. De même que la rationalisation de la gestion de l’accès à la zone portuaire.

En ce qui concerne les infrastructures routières, il faut souligner que  la gouvernance routière a récemment été restructurée pour répondre aux limitations qui ont conduit à un entretien inadéquat dans le passé. Après la première phase d’études préalables, les marchés contractés pour les infrastructures routières sont entrés dans leur phase d’exécution à partir de 2019. Si l’entretien des infrastructures s’améliore depuis 2019, l’entretien des routes a historiquement manqué de ressources, se traduisant par une perception négative des usagers. « Compte tenu de la volatilité dans l’exécution du budget des transports, notamment l’entretien des routes, il est nécessaire de renforcer la hiérarchisation des priorités et la planification », précise encore Alexandre Henry.

 Politiques de transports et adaptation au changement climatique

Il s’agit donc pour le Bénin de transformer le réseau routier existant un corridor économique générateur de revenus et de nouvelles opportunités, ce qui requière plusieurs actions ambitieuses. Le principal défi  se trouve dans la capacité à assurer la connexion avec le port maritime dans laquelle le ferroviaire pourrait jouer un rôle important.

Le changement climatique accentue la pression sur les objectifs de développement du Bénin, compte tenu de ses vulnérabilités importantes dans le domaine des infrastructures. Les risques les plus fréquents pour l’infrastructure de transport routier, déjà soumise à une forte pression, sont liés à la hausse des températures, aux inondations et aux ruissèlements intenses.



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