Projet ‘’Pour des Médias plus professionnels au Bénin’’ : A bâton rompu, Flore Nobimè et Fortuné Sossa s’expriment


C’est au travers d’une conférence de presse, ce 14 mai 2020, à la Maison des Médias, à Cotonou, que Flore Nobimè et Fortuné Sossa, tous deux journalistes, ont présenté les résultats issus de leurs enquêtes respectives, sur la lutte contre la corruption. Ceci entrant dans le cadre de la phase II du Projet « Pour des Médias plus professionnels au Bénin », initié par la Maison des Médias avec l’appui de Open society initiative for Africa (Osiwa).

Marie-Louise Félicité BIDIAS


Fortuné Sossa et Flore Nobimè en pleine conférence de presse

« La démarche adoptée a consisté à une recherche documentaire et de personnes ressources, la descente sur le terrain, le traitement des données, la rédaction, les vérifications et la publication ». Ainsi s’exprimait Flore Nobimè, journaliste, le 14 mai 2020, au cours de la conférence de presse, qu’elle a animé conjointement avec Fortuné Sossa, journaliste lui aussi à ‘’La Marche républicaine’. Cette  initiative entre en effet dans le cadre du Projet « Pour des Médias plus professionnels au Bénin », de la Maison des Médias et mise en œuvre grâce au concours financier de Open society initiative for west Africa (Osiwa).
Flore Nobimé est revenue sur les résultats de son enquête  intitulée : «Passage des éleveurs nomades dans les champs : La corruption, terreau de la transhumance », publiée le 26 février 2020, dans le journal ‘’L’Evénement Précis’’. Elle a précisé le cadre de son travail : la région Agonlin. Avant d’expliquer ensuite que : « malgré la série de mesures en vigueur pour encadrer l’activité, force est de constater des poches de résistance. Depuis décembre 2017, le gouvernement a pris plusieurs décisions dont celle de « limiter les déplacements de troupeaux à la latitude de la commune de Dassa-Zoumè » et d’« interdire l’arrivée des troupeaux vers la région méridionale où les dégâts humains sont plus graves ». Malgré la prise de ces décisions renforcées ces deux dernières années par d’autres mesures : « on n’a pas cessé de parler de transhumance dans cette région avec son cortège de drames. L’activité s’y déroule sur fond de corruption » , déclare-t-elle encore. « Nous avons pu recueillir le témoignage du maire de Covè qui, d’après ce qu’il nous a confié, a subi des pressions de certains chefs de village afin d’accueillir des transhumants dans sa commune », argumente-t-elle. Selon elle, il existe aussi des cas de fraude avec des passages de troupeaux qui se font nuitamment moyennant le paiement d’une somme de 50.000 francs par troupeau à Covè. « Cette somme est perçue par des réseaux d’intermédiaires. Il est à noter que la règlementation en vigueur au Bénin interdit le pâturage et les déplacements nocturnes des bêtes », précise Flore Nobimè.  « Pour ce qui est de Covè, l’idée de taxer le passage des troupeaux émane de l’Association des producteurs victimes de la transhumance. L’initiative, qui d’ailleurs ne répond à aucune logique n’a pas prospéré et les 130.000 francs collectés auprès des éleveurs étaient, au moment de la réalisation de notre enquête, au commissariat de Covè », renseigne encore la journaliste. En clôturant ses propos, Flore atteste que la corruption dans le domaine de la transhumance relève du secret de Polichinelle dans la région Agonlin. « Elle implique plusieurs acteurs et complique l’assainissement d’une activité devenue sanglante avec son lot de morts et de dégâts » 

L’existence de rétro-commissions

« Au cours de cette conférence de presse, il sera question pour moi de vous présenter les résultats de l’enquête que j’ai réalisé sur le sujet de retro-commissions au Fonds des arts et de la culture », a enchainé Fortune Sossa, Journaliste à ‘’La Marche républicaine’’, qui lui aussi a effectué le même exercice. Tout en signifiant sa reconnaissance au Directeur de la Maison des Médias et aux consultants, il a précisé que le choix de son sujet fait suite à des échanges qu’il a eu avec certains acteurs culturels au Bénin. C’est après avoir effectué une recherche documentaire, des rencontres et entretiens à Cotonou, Porto Novo, Abomey et Parakou, avec une série d’acteurs, que Fortuné Sossa a publié son enquête intitulé : « Fonds des arts et de la culture : Des soupçons persistants de retro-commissions ». il déclare d’ailleurs que la plupart des acteurs culturels interviewé ont affirmé avoir été rançonnés pour bénéficier de subventions du Fonds des arts et de la culture (Fac). Tout en précisant que : « pour bénéficier de financement, il faut accepter le deal, accepter de rétrocéder un certain pourcentage afin d’avoir l’avis favorable et obtenir le chèque. Aux dires des interviewés, qui ont requis l’anonymat, le montant est fixé par le rançonneur ». Pour obligation du contradictoire, Fortuné Sossa a déclaré s’être aussi rapproché aussi bien du Directeur général du Fac  que du Conseil d’administration pour savoir si effectivement, il y a toujours eu l’affaire de rétro-commission.  
Il a aussi déclaré avoir été l’objet de pressions, insultes par certains acteurs et journalistes culturels. « Des émissaires m’ont été envoyés pour que je leur donne les noms des acteurs culturels qui m’ont parlé »,  s’offusque t-il.  Fortuné Sossa indique par ailleurs que le refus des acteurs culturels victimes ou complices de rétro-commissions de faire des témoignages ou des dénonciations à visage découvert, est un comportement qui encourage l’enlisement de la pratique. « Ils préfèrent se comporter ainsi pour subir alors qu’ils ont le droit de s’opposer à cela, de dénoncer les auteurs et même d’exiger de la direction générale du Fonds, la publication des subventions accordées », achève-t-il.
Les journalistes présents à la conférence de presse n’ont pas manqué, de poser des questions aux deux interlocuteurs. Ceci  pour mieux saisir et comprendre la portée de leurs enquêtes.





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