Gestion foncière au Bénin : Maryse Assogbadjo et Christian Hounongbé présentent leurs résultats


Dans le cadre de la phase 2 du projet « Pour des médias plus professionnels au Bénin », initié par la Maison des médias  (Mdm) et financé par Open  society initiative for west Africa (Osiwa), Maryse Assogbadjo et Christian Hounongbé du quotidien « La Nation », ont animé, une conférence de presse, le 25 mai 2020. La séance qui s’est déroulée à la Mdm, aura permis aux deux journalistes de révéler les résultats de leurs enquêtes.

Marie-Louise Félicité BIDIAS

Les journalistes Christian HOUNONGBE et Maryse ASSOGBADJO
au cours de la conférence de presse

« Les présentes recherches m’ont permis de comprendre les frustrations et tensions qui règnent autour des quotas réservés aux infrastructures », a déclaré Maryse Assogbadjo,  journaliste au quotidien « La Nation », au cours de la conférence de presse qu’elle a animé le  22 mai 2020. Son enquête entre dans la phase 2 du projet « Pour des médias plus professionnels au Bénin » de la Maison des médias financé par Open  society initiative for west Africa (Osiwa), lui aura permis de publier un dossier intitulé : « Suspicions de fraudes autour des travaux de lotissement à Abomey-Calavi : empoignades autour de réserves socio communautaires ». Trois volets ont meublé l’enquête. Le premier : « Empoignades autour des réserves socio communautaires », fait cas de la disparition de domaines réservés à certains marchés, écoles et voies d’accès.  « A Calavi, vous trouverez des quartiers enclavés, pour défaut de lotissement. Les habitants vivent chez eux comme des prisonniers. Des voies d’accès menant à certains domiciles complètement fermées par des clôtures en briques, des maisons compactes où les populations n’ont pas accès à l’eau potable et à l’électricité », révèle-t-elle encore. Les autorités à divers niveaux, selon elle, sont bien au courant de ces irrégularités. Le deuxième volet de son travail intitulé : « Jeu de ping-pong entre géomètres et urbanistes », Maryse Assogbadjo,  déclare que à ceux qui imputent aux communes la responsabilité de la disparition des quotas administratifs, la mairie d’Abomey-Calavi rétorque que c’est aux géomètres qu’il faut demander des comptes. Les géomètres estiment qu’il revient à la mairie de sécuriser ses terres. De leur côté, souligne la journaliste : « Les urbanistes s’offusquent des reproches des géomètres. Estimant faire un travail de bureau et donc intellectuels, ils jurent n’avoir aucun pouvoir pour empêcher les irrégularités foncières commises à Abomey-Calavi ». Pourtant, souligne Maryse, aucune des difficultés actuelles n’ont leur raison d’être, car il existe un plan de référence d’aménagement du plateau d’Abomey-Calavi. Enfin, le troisième volet révèle le « jeu mathématique des pseudo-géomètres », il est intitulé « La justice à la rescousse ».  Face aux dérives foncières, les acteurs de la justice évoquent l’incompétence des techniciens du foncier. Selon eux, les réserves disponibles résultent de la fraude. « Pour les acteurs judiciaires, il ne saurait avoir de réserves administratives disponibles pour d’autres fins que l’érection d’infrastructures sociocommunautaires au profil des populations car ce n’est pas à l’issu de l’opération de lotissement qu’on prévoit ces infrastructures mais avant le démarrage de tout lotissement », éclaircit encore Maryse Assogbadjo.

Les ‘’faux frais’’ à l’ordre du jour

A son tour Christian Hounongbé, lui aussi du quotidien « La Nation », a présenté les résultats de son enquête dans le cadre du même projet. « Pots-de-vin dans l’administration publique : Les faux frais, une menace sur la sécurisation des transactions foncières ». Le journaliste qui est parti du constat que beaucoup de transactions foncières ne sont pas déclarées dans les communes, a effectué une descente dans plusieurs communes pour appréhender les contours de cet état des choses. « Au terme de notre enquête, nous avons abouti à la conclusion que face aux tracasseries lors de l’accomplissement des formalités administratives, certains acquéreurs de parcelle sont obligés de verser des pots-de vin ou de faux frais. D’autres préfèrent ne pas déclarer les transactions foncières et se contentent de documents non-officiels », indique Christian Hounongbé. Il affirme par ailleurs que l’administration communale prête le flanc à ce jeu malsain en semant  la confusion autour des frais réglementaires à payer. Dans plusieurs communes, on note un mythe autour des frais de formalités. Car, les frais ne sont pas actualisés au niveau des plaques de renseignement dans plusieurs localités. « Il faut ajouter la disparité notée dans les frais légaux payés d’une commune à l’autre, lors des opérations foncières. Si les frais de lotissement et d’attestation de détention  coutumière sont uniques sur toute l’étendue du territoire national, la nature et le montant des opérations foncières varient d’une commune à une autre. Chaque commune se prévaut de sa politique budgétaire pour hausser le montant de ces frais », déclare le journaliste. Pour lui, toutes les transactions foncières entre particuliers et les transferts fonciers en cas de succession sont rarement déclarés, notamment dans les localités rurales. Du fait des tracasseries et des pratiques parallèles au code foncier et à la loi des finances. « Beaucoup abandonnent les formalités administratives, exposant ainsi leurs biens fonciers à des litiges. Il est nécessaire de réfléchir à l’harmonisation des frais, à la réduction des délais et à la modernisation du système pour une formalisation plus aisée des transactions foncières », conclu Christian Hounongbé.




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