Bénin/Collecte de l’épargne publique et Tec : Jacques Boco et Olivier Allochémè présentent les acquis de leurs investigations


Jacques Boco et Olivier Allochémè, tous deux journalistes, ont animé, le 15 mai 2020, à Cotonou, une conférence de presse, à la Maison des Médias. L’occasion a été pour ces derniers de présenter les résultats de leurs enquêtes, respectivement sur la collecte de l’épargne publique et le Tarif extérieur commun. Cette initiative  de la Maison des Médias rentre en effet dans le cadre du Projet « Pour des Médias plus professionnels » Phase 2, avec le financement de  Open society initiative for west Africa (Osiwa).

Marie-Louise Félicité BIDIAS

Jacques BOCO
Olivier ALLOCHEME
 « Collecte de l’épargne public au Bénin : L’arnaque défie la loi », est l’intitulé de l’enquête de Jacques Boco, publié dans le journal ‘’Matin libre’’ du 24 janvier 2020 et dans d’autres médias. Il a en effet présenté les résultats de ce travail, au cours de la conférence de presse, le 15 mai 2020,  dans le cadre de la phase 2 du projet « Pour des médias plus professionnels », de la Maison des Médias avec le financement de Open society for west Africa (Osiwa. « En dépit du retentissant procès Icc-Services (entre novembre 2018 et février 2019), une affaire de placement d’argent qui s’est révélée une arnaque portant sur 155,6 milliards de francs Cfa collectés auprès de plus de 150. 000 victimes (entre 2007 et 2010). Et en dépit de la réglementation et du dispositif institutionnel impressionnant mis en place  dans le secteur de la micro finance, des tontines et structures illégales de collecte d’épargne opèrent toujours, faisant de nombreuses nouvelles victimes ». Il explique par exemple qu’entre décembre 2018 et juillet 2019, l’Ong Solidarité-partage-paix a collecté illégalement l’épargne des populations (plusieurs centaines  de personnes) par ses offres, ‘’tontine ordinaire’’, ‘’tontine rentrée’’ et ‘’tontine Tabasqui’’, à Parakou, Kandi et Gogounou. Jacques révèle encore qu’à la faveur d’un procès à la Cour de répression des infractions économiques (Criet) en décembre 2019, une autre structure (Mcap), dont les responsables ont collecté illégalement les sous des déposants à Allada et à Abomey-Calavi, a fait plus de 2 000 victimes. C’est aussi le cas de tontiniers ambulants ou non, dénoncés ici et là, qui disparaissent dans la nature après leur forfait, incapables de rétrocéder aux ayants droits leurs dus. Pourtant, précise Jacques Boco, la loi 2012-14, portant réglementation des systèmes financiers décentralisés, en son article 7, mentionne clairement qu’il faut avoir d’abord l’agrément avant de commencer par exercer. Des résultats de son enquête il ressort plusieurs problèmes, dont celui de la gouvernance du secteur, « puisque des structures et personnes physiques s’installent sans agrément et opèrent parfois sur une longue période en violation de la réglementation en vigueur, sans être inquiétés et disparaissent », déclare-t-il.

Le Tarif extérieur commun

A la suite de Jacques Boco, Olivier Allochémè, de ‘’L’Evènement précis’’ a présenté les résultats de son enquête : « Tarif extérieur commun (Tec) : La fraude comme voie de contournement ».  « J’ai découvert que les importateurs qui font commerce avec le Togo par exemple ont trouvé de nombreux moyens pour contourner le cordon douanier. Il en est ainsi parce qu’il y a un détournement de trafic dû aux tarifs avantageux pratiqués au port de Lomé. De ce fait, on assiste à des méthodes de contournement au cordon douaner à la frontière d’Hilacondji, plutôt que d’avoir à payer la douane », indique-t-il. Pour ce qui est de la frontière du Nigéria, Olivier Allochémè déclare que les industriels béninois qu’il a rencontrés avouent que malgré le Tec Cedeao, il est presque impossible de faire passer au Nigéria leurs produits fabriqués au Bénin. « Il en ainsi parce que de nombreuses barrières non tarifaires ont été instaurées depuis de nombreuses années par le Nigéria, afin de protéger son marché contre toute importation », éclaircit-t-il. Mais, la situation qui s’est aggravée depuis le 20 août 2019, avec la fermeture unilatérale des frontières a contraint les acteurs à recourir à la fraude pour faire passer leurs marchandises. Pour lui, le plus souvent, ce sont les nigérians qui viennent eux-mêmes s’approvisionner en produits industriels béninois. « Mais depuis la fermeture des frontières en août  2019, une évidence est apparue : les Béninois eux-mêmes ont trouvé les moyens pour contourner la douane béninoisemême si la douane béninoise fait zéro recette sur cet axe depuis lors. On assiste depuis août 2019 à l’âge d’or de la fraude douanière du côté de Sémè-Kraké », révèle-t-il. Selon lui, l’application sélective du Tec Cedeao par les Etats, pénalise le Bénin qui enregistre l’accroissement de son déficit commercial, ainsi qu’une réduction de ses recettes douanières. De son avis : « Pour le moment, l’intégration commerciale reste largement compromise au regard de la pratique des Etats et des acteurs ».
Aussi, les deux enquêteurs se sont aussi prêtés aux questions des journalistes qui n’ont pas manqué de demander davantage de précisions sur leur travail.



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