Forum citoyen de Ouagadougou : La liste des entraves à la libre circulation dans l’espace Cedeao dressée
La persistance des
entraves sur les axes routiers et aux frontières terrestres, faite de rackets,
d’intimidation et de harcèlement de la part des agents de police, de
gendarmerie, de douanes et d’immigration, constitue un des freins à une
véritable liberté de circulation des personnes et de leurs biens en Afrique de
l’Ouest. Ce constat majeur fait partie de ceux dressés ce samedi 5 juillet 2014
à Ouagadougou par plus d’une centaine d’acteurs venus des 15 Etats membres de
l’organisation et qui bouclaient ainsi un forum régional citoyen de trois jours
sur la libre circulation des personnes et des marchandises dans l’espace
CEDEAO.
Mamadou AMAT
( ECOWAS
Commission)
un contrôle douanier
Après une analyse sans complaisance de la situation, ils ont aussi relevé
une méconnaissance des textes de la CEDEAO sur la libre circulation des
personnes aussi bien par les agents de contrôle que par les populations
elles-mêmes, avant de déplorer, s’agissant de la libre circulation des
marchandises, la faiblesse du commerce intracommunautaire.
Une récurrence de pratiques anormales sur les corridors d’échanges de la
Communauté, une multiplication des points de contrôle ainsi que des perceptions
de frais illicites s’ajoutent au refus de certains Etats membres d’appliquer
les protocoles relatifs au Schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO
(SLE), a encore constaté le forum.
Pour y faire face, des initiatives sont en cours, notamment l’établissement
de la carte d’identité biométrique, la suppression de la carte de résidence,
l’introduction du manuel sur les protocoles dans les écoles de formation des
forces de sécurité, la révision du protocole sur la libre circulation ainsi que
le contrôle de la migration irrégulière et le trafic des êtres humains,
notamment des femmes et des enfants.
Parmi les autres constats majeurs figurent la non-acceptation par certains
Etats membres des certificats d’origine CEDEAO délivrés par d’autres,
l’inexistence d’un mécanisme de suivi de la mise en œuvre du SLE, l’exigence
par certains bureaux de douanes de certificat d’origine CEDEAO pour les
produits agricoles et d’élevage, pourtant exemptés par les textes
communautaires.
Au vu de ces constats, le forum a émis un certain nombre de
recommandations, dont l’adoption et la mise en œuvre du Programme minimum
d’actions 2014-2015 sur la libre circulation des personnes, l’introduction de
la carte nationale d’identité biométrique de la CEDEAO et la suppression de
l’exigence de la carte de résidence pour les citoyens de la Communauté dans les
Etats membres.
Il s’agira aussi d’abolir l’utilisation du certificat international de
vaccination comme document de voyage dans l’espace CEDEAO, de produire et
disséminer des manuels de formation à l’attention des forces de sécurité dans
les Etats et d’accentuer la sensibilisation sur les protocoles relatifs à la
libre circulation des personnes à travers les médias.
Dans cette optique, la réunion de Ouagadougou a appelé les Etats de la
CEDEAO à instituer chacun leur propre forum national citoyen, qui se tiendrait
tous les ans et serait mis à profit pour sensibiliser tous les segments de la
société sur ce pilier fondamental de l’intégration que constitue la libre
circulation des personnes et de leurs biens.
Au titre de la libre circulation des marchandises, une des recommandations
concerne la nécessité d’entreprendre des actions appropriées pour faire
respecter les règles existantes en matière de perception de taxes sur les
marchandises en transit, et notamment mettre un terme à l’exigence, par les
douanes, du certificat d’origine pour les produits agricoles et d’élevage.
D’autres recommandations dans ce domaine ont trait à l’harmonisation des
heures d’ouverture et de fermeture des frontières terrestres, mais aussi à la
prise de dispositions adéquates pour promouvoir, dans les meilleurs délais, les
liaisons maritimes entre le Cap-Vert insulaire et les autres Etats de la
Communauté.
Artisan de cette rencontre de concert avec le gouvernement du Burkina Faso,
la Commission de la CEDEAO a été appelée à finaliser le plan d’actions pour la
mise en œuvre des recommandations du forum régional citoyen et à mettre en
place une structure de suivi de la mise en œuvre dudit plan d’action.
Elle devra en outre organiser une table ronde des partenaires au
développement sur le financement du plan d’action, au plus tard avant la fin de
l’année 2014, a encore recommandé le forum, dont la séance de clôture a été
présidée par le ministre délégué à la Coopération régionale du Burkina Faso,
Thomas Palé.
A cette occasion, le commissaire de la CEDEAO pour le Commerce, les Douanes
et la Libre circulation, Ahmed Hamid a remercié les participants pour
leur assiduité et la qualité des débats qui ont abouti à des conclusions
pertinentes pour la mise en œuvre effective des textes communautaires relatifs
à la libre circulation des personnes et des marchandises.
M. Hamid a réitéré l’engagement de la Commission de la CEDEAO à accompagner
la mise en œuvre de la feuille de route du président du Burkina Faso, Blaise
Compaoré, à qui ses pairs de l’organisation ont confié la tâche de coordonner
ce dossier sur la libre circulation des personnes et des marchandises.
Pour sa part, le ministre délégué burkinabé a renouvelé les remerciements
de son pays à la Commission de la CEDEAO pour la bonne organisation technique
du forum et promis de transmettre à qui de droit les conclusions et
recommandations, qui constituent, à ses yeux, une précieuse contribution à la mise
en œuvre de la feuille de route du président du Faso.
A l’issue des travaux, les participants ont reconnu la nécessité
d’impliquer individuellement et collectivement les chefs d’Etat et de
gouvernement de la CEDEAO pour une application effective des conclusions du
forum. A cet égard, ils ont adopté un projet de Déclaration à soumettre au
président du Faso qui a instruit l’organisation de cette activité.
La rencontre regroupait des participants venus des structures impliquées
dans la circulation des personnes et des marchandises, tels les services de
douane, d’immigration et d’intégration, les chambres de commerce et
d’industrie, le secteur privé, la société civile, les associations
professionnelles ainsi que les institutions régionales comme l’UEMOA et le
CILSS.
Lors de la 43ème session ordinaire de leur conférence,
tenue en juillet 2013 à Abuja, les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO
ont constaté les «résultats très modestes» enregistrés au plan de l’intégration
des marchés et des personnes et se sont alors résolus à assurer l’application
effective des protocoles de l’organisation sur la libre circulation.
Dans cette lancée, ils ont confié la responsabilité du suivi de cette
importante question au président Blaise Compaoré du Burkina Faso et demandé au
président de la Commission de la CEDEAO de mettre en place une task-force sur
la libre circulation des marchandises.
Dans le cadre de la mise en œuvre du mandat du président Compaoré, une
mission de haut niveau de la Commission de la CEDEAO, menée par le président de
l’institution, s’est rendue à Ouagadougou où elle a eu une séance de travail
avec une délégation conduite par le ministre des Affaires étrangères du Faso
sur les actions à mener.
A l’issue de ses travaux, la rencontre a adopté une feuille de route pour
l’exécution du mandat du président burkinabé comprenant, notamment,
l’organisation d’un forum régional citoyen afin de prendre en compte les
préoccupations des acteurs non étatiques et recueillir les propositions pour
une bonne mise en œuvre des textes communautaires.
Mamadou AMAT
Senior
Communication Officer
ECOWAS Commission
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