A 4 mois de l’échéance de la feuille
de route mise en place pour l’effectivité du Tarif extérieur commun (Tec) de la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), prévue pour
janvier 2014, il reste encore du chemin.
Mais le temps restant pourra-t-il réellement permettre sa mise en œuvre à bonne date?
Marie-Louise Félicité BIDIAS
Le
développement des pays d’Afrique de l’Ouest, doit certes tenir compte de l’agriculture,
mais aussi des spécificités de l’activité agricole, ceci afin de créer les
conditions permettant à ce secteur de jouer son rôle de moteur du
développement. A ce jour, ces conditions
ne sont pas réunies. C’est pourquoi il s’avère impératif de changer l’environnement du secteur
agricole. Dans cette optique, une politique commerciale assure une protection
suffisante au secteur agricole et qui permet aux agriculteurs d’investir
apparaît comme une nécessité. C’est dans ce cadre que le futur Tarif extérieur commun (Tec),
effectif dès janvier 2014, devra
refléter la nécessité d’une protection suffisante du secteur agricole afin de
lui permettre de jouer pleinement son rôle de moteur de développement. C’est
donc en vue de concrétiser l’Union douanière envisagée pour la Communauté
économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) que la conférence des Chefs d’Etat et de
gouvernement a adopté le 12 janvier 2006,
un Tec pour les Etats membres. Ce Tec
est un instrument de fixation et de libération des droits tarifaires qui
devrait prendre en compte un accès au marché commun dans le cadre du commerce
régional et de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest.
Composantes
du Tec Cedeao
Outre les droits de douane, le Tec
de la Cedeao comprend une redevance statistique de 1% et un prélèvement communautaire de la Cedeao
de 0,5%. Ces éléments reprennent en fait ceux du Tec Uemoa. Les travaux d’élaboration du Tec sont effectués par le
Comité conjoint de gestion du Tec de la Cedeao et de l’Union économique et
monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Uemoa). Elie Santos, responsable du système
d’information et d’analyse industrielle à la direction générale du
développement industriel du ministère de l’industrie, explique que le Tec Cedeao est basé sur la structure du
Tec Uemoa. Avec une 5ème bande tarifaire à 50%
pour répondre à un objectif de souveraineté alimentaire. Cette mesure est nécessaire pour instaurer une
protection structurelle. Elle permet de préserver de façon pérenne des produits
stratégiques pour des intérêts nationaux et régionaux (souveraineté et sécurité
alimentaire, maintien d’emplois...). Et,
éventuellement de façon transitoire, des produits sensibles à la concurrence,
le temps (aussi long que nécessaire) de renforcer leur compétitivité. Tous les
produits classés dans la 5ème bande tarifaire, qui feront l’objet
d’un réarmement tarifaire dans la plupart des pays de la région, devraient
nécessairement être sur les listes de produits spéciaux et de produits
sensibles, c’est à dire non soumis à des réductions tarifaires à l’OMC et dans
l’APE.
Les contraintes
Cependant, il se pose encore des contraintes, au nombre
desquelles : la compatibilité du Tec Cedeao avec les engagements
multilatéraux des Etats membres, son efficacité au regard de la sous-région. Ce
sont ces raisons qui ont amené le Comité conjoint de gestion du Tec à mettre en
place un groupe de travail pour proposer des mesures d’accompagnement et de
sauvegarde. Elie Santos, souligne encore, qu’à ce jour, plusieurs Etats dont le Bénin sont en situation de violation
grave par rapport à leur taux consolidés à l’Organisation mondiale du Commerce
(Omc). En conséquence, la proposition d’adoption d’une 5ème bande au
niveau du Tec Cedeao devrait donc être examinée au regard de cela. Les critères
de la 5ème bande sont entre autres : la diversification
économique, la vulnérabilité du produit, l’intégration régionale, la promotion
du secteur et le fort potentiel de production. Il déclare à ce sujet que ces consolidations
seront négociées à l’Omc avec l’assistance de la Commission de la Cedeao. De son point de vue, le Tec est un instrument
dynamique qui peut faire l’objet de réaménagement à travers des re-catégorisations
de produits, compte tenu des besoins de la situation économique. Il ne reste
plus que la feuille de route soit respectée à échéance. Beaucoup reste à
faire : réunions diverses, finalisation
des projets de textes sur les mesures de défense commerciales et mise à la
disposition des pays au cours du premier
trimestre 2013, adoption du Tec par le
Conseil des Ministres statutaires de la Cedeao, adoption de l’acte additionnel sur le PCIR
par la conférence des chefs d’Etats en juin 2013. Non sans oublier des missions
d’information, de sensibilisation et de vulgarisation par les deux institutions
dans les Etats membres, tout ceci bien entendu avant janvier 2014.
Encadré : Bilan mitigé du Tec
Uemoa
Le Tarif
extérieur commun (Tec) de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de
l’Ouest (Uemoa) a été mis en place le
1er janvier 2000 mais sa mise a entraîné
dans plusieurs pays de la sous-région une libéralisation accrue des échanges
avec un maintien de la forte ouverture des marchés domestique. L’extension du
Tec Uemoa à la zone Cedeao constitue une libéralisation accrue pour les pays
non Uemoa de la région.
Le Tec de
l’Uemoa s’est traduit dans la plupart des pays de la sous-région par un désarmement
tarifaire, mais cela n’a pas été le cas pour tous. Au Bénin par exemple, la
mise en œuvre du Tec s’est traduite par
un relèvement des taux nominaux. Dans la mesure où la mise en œuvre du Tec a
constitué un réarmement tarifaire pour certains pays comme le Bénin, le Mali et
le Niger et un désarmement pour d’autres comme la Côte d’Ivoire, la Gui-
née Bissau et
le Togo.
L’impact global sur la région est donc contrasté.
Selon experts
démontrent que le Tec a eu des effets négatifs
en termes de concurrence des produits importés et de déficit alimentaire. C’est
pourquoi, le Tec Cedeao, doit préalablement être adapté pour répondre aux objectifs fixés par la politique agricole
de l’Afrique de l’Ouest, surtout en matière de souveraineté alimentaire.
M-L F B
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