Trois questions à Gustave Assah, coordonnateur du Réseau Social Watch/ Bénin : « Il faut réduire le budget de la sécurité »



                                     Gustave Assah, Coordonnateur du Réseau Social Watch-Bénin, 

Dans le projet de budget de l’Etat 2013, la société civile relève une impertinence. Il s’agit du montant exorbitant alloué à la défense et sécurité. Dans cet entretien, le coordonnateur de Social Watch Bénin, Gustave ssah, souhaite que l’Etat puisse penser aux secteurs sociaux.


Monsieur le coordonnateur, dans votre document d’analyse et de plaidoyer sur le budget de l’Etat 2013, vous dénoncez l’augmentation du budget alloué à la sécurité et à la défense. Comment expliquer cette position quand on sait que l’insécurité règne aujourd’hui dans le pays ?

Gustave Assah : C’est à croire qu’il n’y avait pas l’insécurité dans notre pays les années précédentes. Je crois qu’il faut faire noter que le budget de la sécurité a augmenté de 117%. Nous ignorons ce qui peut expliquer cela car la répartition budgétaire de 2013 dépasse significativement les prévisions référentielles de la SCRP3. Il était prévu entre 2011 et 2015 que les coefficients budgétaires relatifs aux secteurs de la défense et de la sécurité puissent évoluer à la baisse mais c’est tout le contraire que nous constatons. Nous sommes conscients de ce que l’implication personnelle de notre chef d’Etat en sa qualité de président de l’Union Africaine, dans la gestion de la crise malienne, pourrait causer des représailles pour notre pays de la part des terroristes. Mais nous estimons que cela ne devrait pas justifier une augmentation exponentielle du budget de la sécurité car en dépit de l’arsenal militaire des grandes puissances mondiales, elles ont été toutes touchées par des attaques terroristes. Donc la course aux armements ne saurait être une réponse appropriée aux problèmes sécuritaires qui doivent privilégier la coopération régionale et internationale en matière des renseignements. En temps de paix, il ne paraît pas efficient de croître le budget de la sécurité et de la défense de 117%, alors même que le budget de la santé connaît une baisse et la dette publique intérieure avoisine les 250 milliards FCFA.

Dans ces conditions, que préconise Social Watch ?

Nous demandons humblement que les budgets de la défense et de la sécurité respectent les prévisions référentielles de la stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté troisième génération, donc une baisse des coefficients budgétaires relatifs à ces deux secteurs. Mais dans le cas où l’augmentation s’avère nécessaire, nous recommandons qu’elle le soit d’une manière progressive. Dans cette perspective, nous demandons qu’une partie du budget de la sécurité soit réallouée au ministère de la santé qui doit faire face à d’autres défis brûlants tel que le régime d’assurance maladie universelle (RAMU) qui semble avoir du plomb dans l’aile. Il faut rappeler que la déclaration d’Abuja à fixé à 15% la part du budget national à allouer au secteur de la santé. Malheureusement, le constat amer est que le budget de la santé est assuré dans une très grande proportion sur des financements extérieurs. Depuis quelques années, nous constatons une tendance baissière au niveau des allocations du ministère de la santé. Ce qui dénote un manque aigu de volonté politique d’atteindre les 15% du budget à la santé.

Quelle autre insuffisance avez-vous relevée dans le budget ?

Il faut dire qu’il y a des dossiers sur lesquels nous avons attiré l’attention aussi bien de l’Assemblée que du gouvernement. Le dossier du Port sec de Tori par exemple, nous ne comprenons pas du tout les tenants et les aboutissants. De la même manière, les infrastructures routières qui après quelques mois amorcent leur état de dégradation. A ce niveau par exemple, notre plaidoyer est allé spécifiquement à l’endroit du ministre des transports qui doit désormais obliger les concessionnaires de postes de péage et pesage, à doter les postes de ponts bascules, ou de réparer dans les brefs délais les ponts bascules défectueux. Le ministre devra sanctionner les concessionnaires qui sont complices des excès de charges à l’essieu avec les transporteurs.

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