Accaparement des terres en Afrique : Les espaces vendus ces 10 dernières années pourraient nourrir 1 milliards de personnes




L’Ong internationale Oxfam fait savoir au cours de son récent rapport intitulé : « Notre terre, notre vie » que plus de 60% des investissements étrangers dans des terres agricoles, réalisées entre 2000 et 2010, ont eu lieu dans des pays en développement. C’est à Cotonou au Bénin, que Mouhamet Lamine Ndiaye, responsable panafricain du programme justice économique à Oxfam, a choisi de présenter ce document aux professionnels des médias, le 4 octobre 2012.

Marie-Louise Félicité BIDIAS

« Vous n’avez pas besoin de fusils pour tuer les gens. Quand vous privez un village de nourriture en détruisant les terres agricoles et les cultures de rapport, vous affamez ses habitants… Cela doit cesser. Nos populations ont le droit de survivre. Personne ne devrait les priver de leurs terres », tels sont les affirmations de Alfred Brownell, Green advocates, Liberia.
Selon l’Ong internationale Oxfam, au cours de la dernière décennie, des terres ayant la superficie du Cameroun ou du Kenya ont été vendues à des investisseurs étrangers. Ce sont là près de 700 contrats d’achat de terre, représentant 500 millions d’hectares de terre africaine. Ces contrats mettent potentiellement en péril, les moyens de subsistance de 80 millions de petits exploitants, des agriculteurs et des pasteurs du continent qui contribuent pour 30% du produit intérieur brut (Pib) de l’Afrique et pour 40% à ses exploitations.
Mouhamet Lamine Ndiaye, responsable panafricain du programme justice économique à Oxfam, n’a pas manqué de préciser, au cours de la présentation du rapport « Notre terre, notre vie », que dans les pays pauvres, les investisseurs étrangers achètent une superficie de terres équivalente à celle de Londres tous les 6 jours.
Les histoires de communautés chassées de leurs terres, souvent sous la menace d’armes à feu, condamnés à l’indigence et ne pouvant plus nourrir leur famille sont désormais devenues bien trop courantes. Selon le rapport, à mesure que l’échelle et le rythme des acquisitions de terres à grandes échelle s’accroissent à travers le monde, les données concrètes indiquent que la ruée sur les terres échappe à tout contrôle.
Selon Oxfam, l’accaparement des terres violent les droits humains, en particulier les droits égaux des femmes. Il passe outre les principes de consentement libre, au titre desquels les communautés concernées doivent être informées d’un projet et être en mesure de l’approuver ou de le refuser.
Par  60% des investisseurs fonciers étrangers dans les pays en développement ont l’intention d’exporter tout ce qu’ils produisent sur leurs terres.
Mouhamet Lamine Ndiaye de poursuivre : « certains investisseurs fonciers étrangers paieraient des loyers allant d’à peine 700 jusqu’à 100 dollars par hectare et par an. Cet écart n’a rien à voir avec la qualité des terres, mais s’explique directement par le manque de règlementation ».  Donc plus la protection des droits fonciers est faible, plus il est probable que les investisseurs tenteront d’acquérir les terres.
Ce sont les femmes qui risquent de souffrir davantage des transactions foncières à grande échelle. « Non seulement elles occupent une position faible au moment de négocier avec les autorités gouvernementales ou les investisseurs, mais elles sont par ailleurs moins susceptibles d’être invitées à prendre part aux négociations.
En définitive, pour Oxfam, il voudrait s’assurer que les politiques de mise en valeur du marché foncier, ne sont et ne seront pas établies au détriment des personnes vulnérables, notamment les femmes.
Il s’agit donc d’examiner les politiques des Etats en rapport avec les directives volontaires des Nations Unies pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, à la pêche et aux forêts.
Oxfam aussi recommande de geler pendant 6 mois tous les prêts accordés par l’ensemble du groupe de la banque mondiale à des projets qui font intervenir ou qui permettent des acquisitions de terres agricoles à grande échelle.

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