Bénin/ Chômage des jeunes : des chiffres toujours en hausse



Les statistiques sur l’emploi des jeunes au Bénin, font état de la persistance du chômage. En effet, trouver un emploi aujourd’hui pour un jeune  constitue la croix et la bannière.  Malgré les nombreux programmes initiés depuis 2006  pour lutter contre le chômage, l’inactivité et le sous-emploi règne en maître.

Marie-Louise Félicité BIDIAS M.

Les statistiques les plus récentes, tirées du recensement général de la population de 2002, révèlent que seuls 33.0 % des jeunes ont un emploi rémunéré contre 72.5 % pour les adultes. Environ de 17.0 % des jeunes
travaillent gratuitement dans l’entreprise ou le cadre familial, contre 5.9 % pour les adultes. Par ailleurs, 62.0 % des jeunes ruraux travaillent (rémunérés ou non) contre 35.7 % des jeunes urbains.  Si en 2002, on avait de tels chiffres, on imagine très bien ce que seraient ces chiffres en 2012.
La note pays de la Banque africaine de développement (Bad) paru récemment, précise que ces chiffres traduisent le fort taux de chômage ou de sous-emploi des jeunes et le caractère urbain du phénomène. « Le système éducatif se caractérise par la prépondérance des structures d’enseignement primaire et secondaire général, essentiellement publiques », explique encore l’institution. Sur 80 000 diplômés par an, environ 75 % sortent de l’enseignement secondaire général contre 5 % pour la formation professionnelle et 20 % pour l’enseignement supérieur. En outre, les formations professionnelles délivrées par des entités privées, relativement chères, ne répondent pas aux besoins du marché du travail. Elles sont davantage orientées vers la délivrance de diplômes et insuffisamment vers des formations qualifiantes permettant d’accroître les chances réelles d’insertion. Le taux d’employabilité des jeunes diplômés est estimé à 10 %, reflétant l’inadéquation entre la formation et l’emploi.
Selon la Bad, cette situation est aggravée par l’absence d’un cadre de concertation entre les employeurs et les responsables des écoles sur les méthodes d’enseignement dans le secondaire et le supérieur.

En effet, l’inadéquation entre la formation et l’emploi constitue une cause non négligeable du chômage des jeunes.  L’activité et le sous-emploi est deux (2) fois plus élevé chez les jeunes que chez les adultes, en raison de la faiblesse de l’offre d’emploi, de la réticence des employeurs à recruter de nouveaux venus sur le marché du travail et de l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Malgré les nombreux programmes initiés depuis 2006  à nos jours, pour lutter contre le chômage des jeunes, le phénomène persiste. Chaque année, une forte proportion de demandeurs d’emploi arrive sur le marché du travail pour se confronter à une offre limitée. La situation est d’autant plus difficile pour les jeunes que les employeurs rechignent à recruter des personnes sans expérience.
Quelques initiatives

Cependant, plusieurs programmes et actions ont été initiés par le Bénin, avec l’appui technique du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud)et de l’Organisation internationale du travail (Oit). A travers le Programme d’appui à l’emploi salarié, on a la pré-insertion et l’insertion des jeunes et des femmes dans l’administration publique et, plus récemment, dans les entreprises et structures privées. Le programme a bénéficié à 1 590 jeunes entre 2007 et 2011. Avec le Programme d’appui à l’emploi indépendant, créé en 2006 pour soutenir l’activité des jeunes ayant opté pour l’emploi indépendant. Quelque 5 184 personnes en ont déjà bénéficié.
Par l’apprentissage et les programmes de formation professionnelle, initié en 2007, les demandeurs d’emplois ont pu renforcer leur capacité.
Enfin,  le Fonds national de promotion de l’entreprise et de l’emploi des jeunes, lancé en 2008  a été initié pour faciliter l’accès des petits et moyens entreprises et des jeunes aux moyens et outils de production par le biais du crédit. Ce programme a permis de financer 575 projets et a généré 3 500 emplois entre 2008 et 2011.

Malgré des initiatives,  la situation persiste

La Bad ajoute que toutes ces initiatives n’ont pas eu une répercussion significative sur l’emploi des jeunes. Une situation imputable en particulier à la faiblesse des ressources affectées aux structures en charge de l’emploi, provenant  principalement du budget national. De même que le manque d’informations fiables sur la situation de l’emploi des jeunes constitue une contrainte à l’affinement des politiques de soutien à l’emploi et l’atteinte de résultats plus satisfaisants. Le gouvernement, a par ailleurs élaboré depuis octobre 2011,  une nouvelle politique nationale de l’emploi, assortie d’un plan national d’actions couvrant la période 2012-16. Cette politique vise à faciliter l’accès à l’emploi par l’accroissement de l’offre et de l’employabilité des jeunes  et à améliorer le fonctionnement du marché de l’emploi.
N’empêche que tout ceci demeure encore insuffisant, car celui qui souffre se trouve toujours être le jeune.



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