La grève des enseignants se poursuit sur tout l’ensemble du territoire national. Ni les menaces, ni la présence des forces de l’ordre n’ont empêché les grévistes de continuer leur mouvement. Ce qu’il faut à l’heure actuelle, c’est privilégier le dialogue en présence de vrais médiateurs.
Marie-Louise BIDIAS M.
« Le Bénin a déjà perdu 10 milliards de l’Union européenne et le gouvernement ne veut pas céder. Le Bénin n’est pas prêt à perdre 350 millions du Fonds monétaire international… A vous seul, vous avez consommé déjà 13 milliards de 2006 à 2010…Les dispositions seront prises pour assurer la sécurité des enseignants qui voudront bien aller à l’école », sont quelques uns des propos répétitifs des membres du gouvernement. Propos pour la plupart répétitifs, moralisants et perlés de menaces, sur un ton glacial. les menaces de radiation et de suspension de traitement salariaux, ne semblent même plus émouvoir les grévistes. Pour certains, ce n’est pas aujourd’hui que les travailleurs béninois entendent de telles menaces, pour preuve, en avril 1989, 402 enseignants avaient été radiés.
Ni les agents permanents et les contractuels de l’Etat, ni les contractuels locaux reversés, même s’ils se sont présentés dans leurs établissements respectifs, n’ont repris les cours. Dans des échauffourées du 5 mars 2012, deux enseignants, Hounguèvou Bonaventure (directeur de l’Epp Dodji Aliho (Zè) et de Lokossou Sébastien, instituteur Epp Akpè (Toffo), ont été appréhendés et seront présentés au Procureur de la République, affirme la préfecture de l’Atlantique-littoral. Ces derniers, selon elle, distribuaient « un trac de 2 pages » où on pouvait lire : « abas Yayi Boni ».
De l’avis de Gaston Azoua, le secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), le gouvernement devrait dire tout simplement : ‘’nous avons signé le décret mais à l’application nous avons des problèmes’’ et tenir un langage de débiteur. Il pense que c’est au gouvernement de proposer un moratoire, en reconnaissant sa dette vis-à-vis des enseignants. « Aucun passage du relevé des conclusions des négociations n’exclu les enseignants de la jouissance de la mesure de 25%. La prime d’incitation à la fonction enseignante, est une mesure morale pour inciter et donner l’envie d’enseigner. Cette prime ne saurait être troquée contre la prime de relèvement du pouvoir d’achat », explique-t-il.
Un fait est sûr, c’est que les conditions salariales des membres du gouvernement, des députés, des cadres à divers niveau de l’administration sont plus intéressantes que celles des enseignants. Depuis 2007, les salaires des ministres et des membres de toutes les institutions ont été harmonisés et revus à la hausse. Alors pourquoi aussi se plaindre quand ceux-là réclament un mieux être. Quoi de plus normal, dans ce contexte de cherté de vie.
Le Bénin doit construire des infrastructures, réaliser des projets à longs termes, mettre en place des stratégies de développement durable. Oui, c’est vrai ! Mais que le gouvernement aussi accepte de se regarder dans les yeux et qu’il reconnaisse aussi que tant de gâchis financiers et des dépenses qui ne disent pas leurs noms sont faites au jour le jour. Pour preuve cette tournée explicative, dans tous les départements du Bénin, pendant 72 heures et qui a coûté des millions de nos francs et dont les effets se sont avérés caducs.
Assez de commentaires, l’heure actuelle, il urge de trouver des vrais médiateurs, des personnes sachant parler. Non pas cette série de moralisateurs, qui pour la plupart, parce que mandatés par le chef de l’Etat se croient aussi obligée de menacer, enlisant un peu plus la situation, déjà difficilement gérable.
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