Grande première en Afrique : L’effectivité de la zone de libre-échange continentale



Le sommet des chefs d'État et de gouvernement des pays membres de l'Union africaine des 7 et 8 juillet au Palais des Congrès de Niamey a été consacré  en grande partie à la Zone de libre-échange continentale (Zlec). Une grande première qui consacre un rêve vieux de plus de soixante ans. La Zlec entendant augmenter de près de 60 % d'ici à 2022 le commerce intra-africain.
Marie-Louise Félicité BIDIAS


Les chefs d'Etat et de Gouvernement, présents à Niamey au Niger,
ont consacré l'effectivité de la Zone de libre échange continentale

La création à Niamey de la Zone de libre-échange continentale africaine que nous nous apprêtons à sortir des fonts baptismaux est historique, a affirmé le président de la commission de l'Union africaine (Ua), Moussa Faki Mahamat, le 4 juillet 2019, devant les ministres des Affaires étrangères de l'Ua réunis en Conseil exécutif pour le sommet de l'organisation. « Malgré les retards, les pères fondateurs (de l'Ua) seraient heureux et nous béniraient là où ils se trouvent maintenant », a-t-il encore affirmé. En effet, le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Ua, a été en grande partie consacré à la mise en œuvre de l’accord portant sur la création de la Zone de libre-échange continentale (Zlec).
Provenant de l’agenda 2063 de l’Union africaine, la Zlec faisait déjà l’objet de discussion depuis 2012. Il s’agit de créer un marché commun de 1,2 milliard d’habitants, dont le Produit intérieur brut (Pib) cumulé avoisinerait 2 500 milliards de dollars.  
Depuis le 30 mai 2019, l’accord a été ratifié par 25 pays et signé par 53 membres sur les 55 de l’Union africaine. Mais, le Nigéria et le Bénin, jusque là réfractaires ont finalement ratifié l’accord au cours de ce sommet des chefs de l’Etat et de gouvernement. Pour les autorités nigérianes, la priorité sera de mener des négociations pour garantir des garde-fous contre la contrebande, le dumping social et autres menaces économiques. L’une des craintes du géant Nigéria est que la Zlec ne soit la porte ouverte à un afflux massif d’importations, venues en particulier d’Asie, d’Europe et de Turquie, via des pays de transit voisins comme le Bénin et le Cameroun. 
Le siège du secrétariat général sera à Accra au Ghana, selon une résolution des ministres des Affaires étrangères, au cours du Conseil exécutif, le 5 juillet 2019. Les statuts, les cadrages budgétaires et le financement du secrétariat général sont l’objet  des discussions des chefs d’État et de gouvernement. Ils vont également se pencher sur les réglementations régissant des questions telles que la libéralisation du commerce, les règles d'origine, la suppression des barrières non tarifaires et la mise en place d'un système de paiements et de règlements. De même, ils fixeront également une date pour le début des échanges dans le bloc. La date limite devrait laisser le temps aux entreprises de faire des ajustements et aux Etats de préparer de nouveaux documents commerciaux. 

La Zlec : sur quelle base ?

Le principe de la Zlec est d’éliminer entre 5 et 10 ans les droits de douane sur un ensemble de produits représentant 90 % des lignes tarifaires. Les pays membres devront remettre leur liste de produits dédouanés, ‘’non-sensibles’’, et s’accorder sur les ‘’règles d’origine’’. Selon la Cnuced, les règles d'origine sont des critères qui permettent de déterminer le pays d'origine d'un produit. Elles pourraient jouer un rôle décisif dans le succès de la zone de libre-échange continentale. Le 10 juin 2015, à Charm el-Cheikh, 26 pays avaient signé un traité de libre-échange qui regroupe le sud et l'est du continent, de l'Afrique du Sud à l'Égypte. L'accord portant sur la création de la Zlec a été adopté et ouvert à la signature le 21 mars 2018 à Kigali. L'Accord est entré en vigueur le 30 mai 2019, trente jours après avoir reçu le vingt-deuxième instrument de ratification, le 29 avril 2019, conformément aux dispositions légales.


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