Transfert des migrants : Les fonds de la diaspora contribue au financement du développement de l’Afrique
L'argent de la diaspora est d'un grand secours en Afrique
La 7ème
édition de l’Observatoire de l’Afrique de l’Ouest de la Banque africaine de
développement (Bad) fait état de la contribution des diasporas au développement
régional. Encore
dispersés et fragmentés, ces fonds pourraient contribuer au financement du
développement, à condition que les pays récepteurs accompagnent les diasporas
vers l’investissement et les incitent à porter des projets socio-économiques
dans leurs foyers d’origine.
Marie-Louise Félicité BIDIAS
« En
2014, les migrants originaires d’Afrique de l’Ouest ont envoyé 26 milliards de
dollars
EU
dans leur pays d’origine. Le Nigeria, qui a reçu plus de 22 milliards de
dollars EU en 2014 fait partie des cinq premiers pays récipiendaires au monde,
et il est le premier en Afrique sub-saharienne », précise la 7ème
édition de l’Observatoire de l’Afrique de l’Ouest de la Banque africaine de
développement (Bad).
Au
Bénin, selon l’économiste Daniel Ndoye, Le Bénin a inscrit les
actions de la diaspora dans le cadre stratégique de développement du pays afin
de faire de la diapora un partenaire engagé du gouvernement pour la réduction de
la pauvreté. Le rôle de la diaspora dans
l’économie s’est accru à travers l’augmentation
des transferts des migrants et la présence de plus en
plus marquée de membres de la diaspora
dans les instances dirigeantes du pays.
Les
transferts reçus se sont inscrits sur une tendance haussière au cours des deux
dernières décennies à l’exception de la période de la crise financière
internationale de 2008- 2009. Les transferts de fonds des migrants,
qui représentent environ 3% du PIB,
proviennent essentiellement de la France,
du Nigeria du Gabon, du Niger et de la Côte d’Ivoire.
La participation de la diaspora au développement revêt également d’autres formes,
comme l’appui aux œuvres sociales, le renforcement des infrastructures scolaires
et sanitaires et la
constitution
de petites et moyennes entreprises. Toutes ses
interventions doivent être mieux coordonnées et
articulées aux priorités stratégiques de
développement du pays. A cet égard, le gouvernement
a élaboré en 2014 un pacte
visant un partenariat de confiance qui permet de
développer des mécanismes efficaces de structuration
et de coordination de la participation de
la diaspora au financement du développement.
La diaspora ivoirienne
En
Côte d’Ivoire, selon Maxime Akossi et Pascal Yembiline, le gouvernement
souhaiterait dans le cadre de son
objectif d’émergence 2020, mettre à contribution
la diaspora ivoirienne qui représente 1,24 millions de personnes (soit 5% de la
population totale), qui engendrent chaque année près de 180 milliards de FCFA
de flux financiers et réalisent environ 10 milliards de FCFA d’investissements
directs. Cette contribution est
toutefois entravée par la faiblesse du cadre
institutionnel qui rencontre des difficultés à
coordonner les différentes initiatives, et par la frilosité
des membres de la diaspora face à l’opacité
et aux pertes subies lors des tentatives
d’acquisitions de propriétés foncières et
immobilières (environ 1,3 milliards de pertes). Le gouvernement
entend, par le biais de réformes structurelle et organisationnelle, instaurer
une relation de confiance entre l’Etat et la diaspora en vue de valoriser sa
force innovatrice et productrice. C’est ainsi qu’au terme
des divers Diaspora for Growth forums,
le Gouvernement a décidé de créer d’autres
structures d’accueil et de représentations
extérieures, de nommer un représentant
de la diaspora au Conseil économique
et Social, et de statuer sur la nécessité de créer
un fonds d’investissement privé pour la diaspora.
Le Ghana
Au
Ghana, de l’avis de Wilberforce Mariki et Eline Okudzeto, La
diaspora ghanéenne continue à jouer un rôle important dans le développement du
pays à travers les transferts de fonds. Même si le nombre exact
d’émigrés est difficile à connaître, une récente
étude de l’Institut de la politique migratoire
montre qu’en 2012, près de 150 000
migrants ghanéens résidant aux Etats-Unis ont
transféré environ 33,1 millions de dollars EU dans le
pays, suivis de ceux qui résident au Royaume-Uni (82
000 personnes), qui ont transféré 24,97
millions de dollars EU. La diaspora ghanéenne
au Nigeria, bien qu’elle soit la plus
nombreuse (176 000 personnes), arrive
en troisième position, avec 21,2 millions
de dollars EU de transferts. Les études
montrent que les travailleurs migrants
transfèrent ces fonds pour soutenir la
consommation de leurs familles et de leurs
amis, et pour des contributions sociales,
accroissant le revenu par tête des ménages
bénéficiaires. Les flux financiers de la diaspora ont crû
de 1 million de dollars EU dans les années 1980, atteignant 150 millions de
dollars en 2011, mais ont chuté ces dernières années pour atteindre 126 millions
de dollars en 2014. Ces chiffres, déjà
importants, sont probablement sous-estimés puisque
d’importants montants transitent par des
canaux informels. Selon une étude de la Banque
mondiale d’avril 2015, le coût officiel des transferts dépend
du pays d’origine du transfert et peut
varier de 1,94% à 42.66% du montant. Pour le Ghana, ces
niveaux croissants de transferts des migrants s’expliquent par la libéralisation
du secteur financier et les réformes associées, qui ont amélioré le contrôle
des transferts et conduit à la création de licences pourles agents de transfert
d’argent.
La diaspora nigériane
De
l’avis d’Eric Ogunleye, Le Nigeria a l’un premiers pays émetteurs de diaspora
d’Afrique. Ces flux ont été alimentés par
trois vagues d’émigration historiques et par une
émigration régulière de Nigerians partant à la recherche
de plus « verts pâturages ». Cela explique
la prépondérance du Nigeria dans les flux de
transferts migratoires reçus en Afrique de l’Ouest,
avec plus de 80% des flux régionaux depuis 2005. Le
retour à la démocratie participative en
1999 a modifié les structures de l’émigration,
offrant la possibilité aux Nigerians
de la diaspora de participer au développement
national. Les gouvernements successifs
ont essayé de les mobiliser à travers différentes
plateformes. Les contributions de la diaspora Nigeriane au développement
sont de plusieurs natures. Tout d’abord, avec des
transferts de fonds totalisant 198,4 milliards
de dollars EU entre 1999 et 2014, soit
environ 40 milliards de dollars par an, les
transferts ont régulièrement surpassé les
autres flux en provenance de l’étranger. En
2014 par exemple, les transferts des
migrants ont représenté 22 milliards de
dollars UE, contre 5,3 milliards de dollars d’investissements
de portefeuille et 4,7 milliards de
dollars d’investissements
directs
étrangers. La diaspora a également contribué de manière significative à la
réduction de la pauvreté et à la création de richesse au niveau des ménages,
par
la
création de start-up, le développement immobilier et d’autres dépenses
sociales. Plusieurs membres notables de
la diaspora hautement qualifiés sont engagés politiquement. Par ailleurs, les
Nigerians de l’étranger soutiennent l’investissement public en souscrivant aux
émissions obligataires visant à financer des projets d’infrastructures. Enfin,
ils s’engagent dans des programmes d’aide sociale tels que les missions médicales
gratuites, les programmes scolaires, les urgences humanitaires et les
interventions communautaires spécifiques.
Source :
Observatoire de l’Afrique de l’Ouest de la Bad
Commentaires
Enregistrer un commentaire