Grève des enseignants : le gouvernement durcit le ton

Cela fait 5 semaines que les enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire sont entrés en grève. Cette fois-ci le gouvernement a durci le ton : « si le lundi 05 mars 2012, les enseignants ne se rendent pas à leur poste, ils seront purement et simplement radiés ». Mais ces menaces ne font pas peur aux grévistes qui entendent poursuivre leur mouvement, jusqu’à obtenir satisfaction.

Marie-Louise BIDIAS M.

« Les marches des élèves, des enseignants, les grèves sont interdites sur tout l’ensemble du territoire nationale. Les préfets sont instruits, chacun avec les commandements de l’armée pour que toutes les mesures soient appliquées. Toutes les écoles du Bénin seront sous contrôle, dès le lundi 05 mars 2012 pour que l’enseignant qui n’ira pas à son poste verra son salaire coupé », a affirmé le ministère de l’Intérieur, Benoît Dégla, le 02 mars 2012.
Malgré ces menaces et interdictions, les gréviste appellent leurs militants à  une marche à Cotonou, sur la primature,  le mardi 6 mars 2012, des marches aussi sur les préfectures respectives à l’intérieur du pays et  un meeting géant à la bourse du Travail le 8 mars 2012. 
 « Toutes leurs semaines de grève, seront tout simplement défalquées, a encore expliqué dans la même soirée, la ministre du Travail et de  la fonction publique, Maïmouna Kora Zaki, au cours d’un débat-télévisé sur la chaîne nationale. « Nous avons un accord avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international et nous devons respecter les engagements. Nous avons des normes salariales. Après cette augmentation, il a été retenu que pendant 4 ans, il n’y aurait plus des augmentations salariale », a affirmé la ministre des Finances, Adidjatou Mathys. « Nous sommes à 47%. Nous n’avons aucune ressource pour faire face à leurs nouvelles revendications. Il nous faut construire des routes, réaliser des infrastructures et préparer l’avenir de nos enfants. Cette augmentation de 25% a  même fait perdre au gouvernement des appuis budgétaires », a-t-elle encore déclaré.  
Le ton des grévistes est ferme. «Nous n’entendons pas céder à la provocation et aux diverses menaces du gouvernement. C’est une dérive de mensonge », a renchéri, le secrétaire administratif des trois ordres de l’enseignement, Alexandre Agbozo. Ce dernier réaffirme la volonté et la détermination des syndicats des enseignants de l’éducation de poursuivre leur grève : « les menaces proférées par le gouvernement laissent les enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire, froids », a-t-il encore affirmé au cours de l’émission Carte sur table de la radio Océan fm, le 04 mars 2012. De son avis, le premier ministre a bel et bien reconnu que les enseignants étaient concernés par les dispositions du décret No-2011-505 du 05 août 2011 portant institution d’un coefficient de revalorisation des indices de traitement des agents de l’Etat. Mais, contre toute attente, le même décret n’élargit pas les avantages qu’il contient aux enseignants.
Pour une sortie de crise, le front des trois ordres de l’enseignement, propose que le gouvernement reconnaisse sa dette vis-à-vis des enseignants,  qu’il applique le décret querellé, harmonise les primes et indemnités et corrige les disparités catégorielle en supprimant les double salaires et accessoire de l’Etat. Et surtout qu’il réduise en conséquent le train de vie de l’Etat en ramenant la taille du gouvernement de 26 à 19 ministères.
De son côté, le gouvernement a mis en place un certain nombre des dispositions. Il sera procédé à l'établissement quotidien de la liste des enseignants grévistes, en vue des retenues à opérer sur leurs salaires à compter de la solde de fin mars 2012. Des instructions ont été également données au ministre de l'Economie et des Finances pour procéder auxdites retenues sur salaire. De même, les préfets des départements, les maires, les chefs d'arrondissements, les chefs de village et de quartiers de ville, les élus locaux, les associations des parents d'élèves, les parents d'élèves, la Société civile, doivent sensibiliser les enseignants et aider les autorités administratives à faire le point de présence des enseignants sur leurs lieux de travail.

Encadré : Extrait du Conseil des ministres du 22 février 2012 sur l’augmentation des salaires des travailleurs
Le gouvernement du Bénin, soucieux d'améliorer les conditions de vie et de travail des agents permanents de l'Etat, a pris dès l'année 2007 d'importantes mesures, notamment en faveur des personnels enseignants de tous ordres. Ces mesures, en l'occurrence l'augmentation de 25% de traitement sur salaire aux enseignants a créé chez les autres agents, un sentiment d'injustice et de frustration avec pour conséquences de graves tensions sociales dans des secteurs aussi sensibles que ceux de la santé, des pertes en vies humaines et la paralysie de l'administration.
Au terme des négociations qui ont eu lieu entre le gouvernement et les partenaires sociaux, il a été décidé, de commun accord avec les responsables des Centrales et Confédérations syndicales, d'accorder le bénéfice de 1,25 des indices de traitement aux différents corps des autres secteurs de la fonction publique.
Ces nouveaux engagements en faveur des agents permanents de l'Etat et des agents contractuels de l'Etat ont accru très sensiblement les charges salariales et fait porter le ratio masse salariale sur recettes fiscales à 52,7% contre la norme communautaire de 35%. L'amenuisement de la part des ressources intérieures affectées aux projets de développement s'est dès lors aggravé compromettant dangereusement le respect par notre pays de ses engagements auprès des institutions financières internationales. Face à l'indispensable mobilisation des recettes de l'Etat, le gouvernement n'est en mesure ni de satisfaire ni de promettre des prises en charge sociales pour lesquelles les financements nécessaires ne sont pas disponibles.


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