Monnaie unique de la CEDEAO : rêve ou conviction ?

 (Dakar, 10 février 2012) La construction d’un marché commun constitue une étape majeure pour l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest. Dans ce sens, l’adoption d’une monnaie unique est devenue une préoccupation pour la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). La question était l’un des sujets de discussion lors du séminaire organisé par l’agence allemande de coopération internationale (GIZ) au profit des journalistes de l’Afrique de l’Ouest.

Nicolas AGBIKODO
 
 L’un des thèmes développés lors de la première semaine du stage  par  le Professeur Abdoulaye Ly, économiste et membre du forum civil du Sénégal est intitulé : « Programme de monnaie unique de la CEDEAO : principaux acquis, enjeux et perspectives ».
 
 Le contexte monétaire actuel de la communauté est marqué par huit différentes monnaies, le CFA pour huit pays, les sept autres Etats ayant chacun sa monnaie. La CEDEAO s’est alors fixé pour objectif d’arriver à une zone monétaire avec l’adoption d’une seule monnaie en 2020. Les avantages d'une monnaie unique portent sur la stabilité de l’économie. Selon Monsieur Abdoulaye Ly, « Une monnaie commune est de nature à réduire l'incertitude sur le niveau des prix et la rentabilité future des investissements. Elle permet en outre, d'éliminer le coût des opérations de change et la spéculation ». Par ailleurs, la monnaie unique favorise généralement une mobilité du capital, permettant d'abaisser de manière subséquente le coût du crédit. « La monnaie unique permettra de régler les problèmes de (fluctuation) des monnaies nationales au sein de la CEDEAO », a expliqué le professeur Mohamed Ben Omar Ndiaye, directeur de l’Agence monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO).
 
 La feuille de route adoptée par la CEDEAO en 1999 fixe l’année 2015 pour la création d’une seconde zone monétaire, la Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) qui réunit les sept Etats non CFA. Selon Monsieur Abdoulaye Ly, des avancées ont été réalisées depuis lors, même si beaucoup de choses restent encore à faire.    
 
Des avancées certaines, des obstacles à surmonter.
 
Le processus de réalisation de la Zone monétaire unique est structuré en trois phases : une première phase axée sur l’harmonisation des règles de gestion économique, monétaire et financière, la redynamisation du mécanisme de compensation de l’AMAO et la revue des transactions éligibles. La deuxième phase, au cours de laquelle il sera procédé à la revue des ajustements économiques, à l’harmonisation des fiscalités intérieures ainsi qu’à l’évaluation et à l’adaptation des politiques de la phase précédente. La troisième phase consacrera la fixation irrévocable des parités et la création de la Banque Centrale unique.
 
Monsieur Abdoulaye Ly a expliqué que des pas ont été franchis vers la mise en place de la monnaie unique de CEDEAO. En effet, plusieurs actions ont été menées dans ce sens soutenues par une volonté politique avérée. « Au titre de celles-ci, on peut noter la création effective, depuis décembre 2000, de la seconde Zone monétaire, de la participation de la BCEAO aux travaux des instances de cette dernière et de l'organisation de réunions de concertation avec l'Observatoire Economique et Statistique d'Afrique Subsaharienne (AFRISTAT) pour la mise en place d'un Programme Statistique Minimum (PSM) », a-t-il souligné.
 
Ces avancées n’occultent pas les difficultés qui se posent à la mise en place de la zone monétaire de la CEDEAO. Le principal obstacle reste le déséquilibre entre les économies de la région. Les critères de convergence attendus des Etats sont encore loin d’être respectés. Selon monsieur Abdoulaye Ly, « des disparités semblent exister et persister, aussi bien entre les différentes économies des Etats membres au sein de chaque zone, qu’entre les deux zones (UEMOA et ZMAO) ». Ce qui justifie les interrogations et inquiétudes sur la zone monétaire de la CEDEAO.
 
Le professeur Mohamed Ben Omar Ndiaye, directeur de l’Agence monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO) estime pour sa part que «le passage à une monnaie unique relève d’une décision politique, d’une volonté politique ».
 
Nicolas AGBIKODO

 

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